La bicyclette et l’aventure.
Rétrospective
Dès mon plus jeune âge j’ai enfourché cet engin à deux roues. D’abord avec les roulettes à la recherche de l’équilibre comme tout un chacun.
Par la suite mes jambes s’étant allongées, mon apprentissage c’est poursuivi sur les vieux vélos des grand- mères retrouvés dans un coin de la ferme. Oh les pauvres, ils ont un peu souffert je ne les ai pas trop épargnés sur les chemins plein de cailloux et dans les nombreux dérapages sur la neige.
Et oui, J’avais même inventé des chaines à vélo pour la neige. Rien de plus simple il suffit d’enrouler autour des roues des ficelles solidement attachées qui formeront de bon crampons. Petit détail : ne pas oublier d’enlever les patins de freins oui, mais alors comment tu freines ?pas grave avec les chaussures.
Devant l’engouement que j’avais pour cet engin mes parents m’ont offert mon premier mi-course comme on les appelait à l’époque. Et là,ce fut véritablement une révélation .Je découvrais le plaisir de rouler je ne descendais plus de mon Peugeot.
Quelques années après,j’achetai un vélo de course encore un Peugeot, le modèle qu’utilisait Bernard Thévenet notre coureur cycliste régionale.
L’été j’étais sur les routes avec ma machine chaque fois que je n aidais pas mes parents à la ferme et l’hiver en station de ski pour un autre métier celui de pisteur secouriste. On pouvait aussi me croiser l’été en montagne en train de courir avec mes baskets qui ne sont toujours pas très loin d’ailleurs.
Vous avez du comprendre que le sport fait partie de ma vie.
Après une pause pendant que mes trois enfants grandissaient et que mon exploitation agricole m’occupait beaucoup, j’ai repris la course à pied puis le vélo avec l’adhésion au club de Mens avec qui j’ai partagé de très bons moments sur les routes et découvert de nombreuses régions françaises.
Ne prenez pas peur si vous me croisez à côté de mon vélo où ailleurs dans une position inhabituelle non je ne suis pas tombé sur la tête, j’aime juste me détendre en pratiquant des postures de yoga.
Un accident de la vie et de vélo m’ont orienté vers une autre façon de faire du vélo, comme un moyen de déplacement pour découvrir, visiter, prendre le temps d’échanger avec les gens que l’on croise sur notre parcours.
Et justement, je rencontre ma nouvelle compagne qui m’entraine encore plus vers la randonnée à vélo qu’elle pratique déjà depuis de nombreuses années.
Après plusieurs périples avec elle sur les routes de France avec nos sacoches et nos biclous nous décidons d allez voir plus loin, de découvrir d’autres peuples, d’autres paysages d’autres façons de vivre, ce que Cathy attendait au fond d’elle.
Le projet du tour du monde venait de naître. La rencontre sur un marché avec un jeune couple de cyclistes arrivant d’un an et demi à travers l Eurasie m’a carrément convaincu de partir à l’aventure sans vraiment de date précise de retour.
Après une interruption un peu violente de notre vie de nomade sur nos montures dû à l’épidémie de covid, me voici de retour et impatient de repartir. Mon premier grand périple m’a permis de découvrir une façon de voyager un peu hors du temps, du stress, de l’agitation d’un monde qui veut toujours plus, plus vite, plus grand.
J’ai hâte de parcourir a nouveau les chemins, les routes, de découvrir avec la force de mes mollets une partie de l’Amérique à la rencontre des peuples d’une autre culture.
Les années passent vite, la force diminue, mais la volonté est intacte. Alors en selle avec ma compagne Cathy pour une nouvelle aventure à la découverte des Amériques.
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Tout commence en 1989, le jour où (par hasard ?) je tombe sur un livre dont je ne me rappelle plus le titre mais il s’agissait d’un couple de Lyonnais partis pour un an à vélo. Finalement, Ils voyageront 7 ans. C’est resté ancré dans ma mémoire, mais d’abord comme un rêve inaccessible.
Je ne suis pas spécialement sportive, j’aime la nature et les loisirs sportifs mais c’est surtout la curiosité, l’envie de découvrir, bouger, de changer le quotidien qui m’animent.
Je dévore tous les livres de voyage à vélo. Je voyage à pied, à moto, en bateau… mais le vélo me semble très vite une belle alternative pour voyager mieux : simple, écologique, économique, ne nécessitant pas de compétences mécaniques spécifiques, permettant de prendre le temps de ressentir les éléments, d’ aller moins vite mais voir différemment. Une découverte au fil de l’eau qui emmène là où les guides ne nous envoient pas..dans les lieux ni très touristiques ni exceptionnels ; des lieux de tous les jours avec des gens de tous les jours.. Ca m’attire, mais je n’ose pas encore franchir le pas.
Et puis un jour, après la crise de la quarantaine, la décision est prise de quitter mon boulot pour partir. Au départ pour un voyage à deux mais ça ne se fait pas. Tant pis, je partirai seule. Je me fais violence car je déteste la solitude.
En France pourtant, on me décourage un peu : t’es folle, c’est dangereux ..etc » Je m’inscris d’abord pour un petit voyage moto en Thailande, et je teste le vélo …pour voir.. Allez, c’est parti ! J’achète un VTT, 2 petites sacoches, un LonelyPlanet et hop hop hop, en route pour le nord de la Thaïlande, Laos, Vietnam, Cambodge, Malaisie, Indonésie… je n’ai rien préparé, mais j’observe, je fais des rencontres, je me débrouille et je m’adapte. Avec très peu de bagages, de confort, je voyage à bas coût au grand étonnement des gens que je rencontre qui ne comprennent pas pourquoi je voyage à vélo alors que, d’après eux, je pourrai avoir une voiture ou aller dans des hôtels 4 étoiles…mais ce n’est pas ce que je recherche.
Je découvre le bonheur du voyage à vélo, le plaisir de vivre simplement, loin des pressions qui pèsent sur soi. On devient anonyme, mais on se sent vivant. L’objectif du quotidien devient juste de chercher un toit, manger, apprendre, s’ouvrir aux autres, une vrai sensation de liberté. Je retrouve l’estime de soi, la satisfaction d’avancer en ne devant qu’à moi-même.
Une autre occasion se présente quelques années plus tard, en 2008, à deux cette fois : nous partons pour 3 mois d’Isère jusqu’en Turquie/Roumanie..un peu plus chargé cette fois puisque nous avons le matériel de camping..
Complètement différent à deux, peut-être moins de rencontres mais le plaisir de partager le voyage au quotidien… du bonheur !
Mon histoire de vie, mes changements professionnels me maintiennent toujours dans le mouvement et la découverte. Je rêve toujours d’un tour du monde à vélo. Mon nouveau métier dans l’économie sociale et solidaire m’amène à La Mure. C’est là que Je rencontre Jacques il y a 7 ans.. Cycliste sportif, l’idée du vélo « sacoche », comme il dit, commence à le séduire, mon rêve devient projet partagé… Il rencontre deux jeunes qui rentrent d’un tour d’un an et demi sur un circuit qui ressemble un peu à ce qu’on avait en tête…le projet prend forme et nous le dessinons sur la carte du monde avec un départ programmé le 05 mai 2019..Yeesss !!!
C’est une magnifique aventure à travers l’Europe de l’est, les pays baltes, la Russie, la Mongolie, la chine, puis les pays de l’Asie du sud est (soit environ 15000 km et 17 pays visités). Arrivés en Birmanie, l’épidémie du Covid 19 nous arrête net . Nous rentrons en France, tristes de ne pas continuer mais persuadés de repartir rapidement ! On connait la suite, ca sera plus long que prévu. Je dois retravailler en attendant une nouvelle opportunité ou le départ à la retraite. Néanmoins l’envie reste présente, très très présente même.
Et puis au hasard … hum… , j’apprends que je peux partir en retraite dès 60ans. 3 minutes après, j’imagine déjà le crayon qui se pointe sur mes cartes du monde pour dessiner le prochain voyage.
Repartir … d’où on s’est arrêté : en Thaïlande ? Partir d’ici et aller rejoindre le point ou l’on s’est arrêté en thailande ?
Ben oui, mais la géopolitique n’est guère favorable pour traverser l’Asie centrale… Euh…
Alors, pourquoi pas de l’autre côté ? Allez, Cap à l’ouest ! Ce sera la traversée de l’Amérique centrale et l’Amérique du sud.
C’est une grande classique cycliste qui nécessite une bonne forme physique alors mieux vaut le faire sans trop tarder.
J’arrête le boulot fin juin, quelques mois pour déménager, finaliser les papiers de retraite, un bisou à la famille, Le départ est fixé le 15 octobre 2023.